Je viens de terminer le livre de Joël Dicker, "La vérité sur l'affaire Harry Quebert", et je rencontre un grave problème: je n'arrive pas entrer dans un autre livre... Laissez-moi vous expliquer pourquoi.
L'intrigue à angles multiples, la psychologie, quand il ne s'agit pas de la psychopathie des personnages sortis tout droit de l'Amérique des seventies, tantôt cul-terreux, tantôt bobos new-yorkais, le romanesque de ce conte furieusement contemporain, le rythme imposé qui ne laisse aucun répit au lecteur, cette poignante amitié entre deux hommes d'une part, cet amour impossible qui vire au cauchemar d'autre part, ainsi que l'intelligence de l'écriture, m'ont scotché les neurones sans que je m'en rende compte.
À la 669ème et dernière page, j'étais orphelin, j'étais en manque.
Cela va passer, bien sûr, comme cela est passé la dernière fois que j'ai vécu un tel phénomène. Il s'agissait du bouquin de Jonathan Little "Les Bienveillantes". Puis l'effet s'est estompé. J'avais alors observé qu'il fallait du temps pour que le tsunami littéraire et émotionnel disparaisse (presque) complètement.
Les origines du mal.
Marcus Goldman, couvé par une mère juive, a joué l'évitement toute sa vie pour être toujours premier partout, jusqu'au jour où il rencontre Harry Quebert, son professeur d'université. Ils se lient d'amitié mais Harry va démasquer l'imposteur et lui faire comprendre que jouer en 2ème division quand on a la carrure pour jouer en 1ère est tout simplement mesquin et surtout peu courageux. Être "le Formidable" au lycée n'a rien a voir avec être formidable dans la vie.
Harry prévoit un avenir de grand écrivain à Marcus si toutefois celui-ci daigne respecter quelques règles d'hygiène de vie qu'il se propose de lui inculquer: "La boxe et l'écriture, c'est pareil!".
Pour sa part, si Harry connut un immense succès par le passé avec avec son livre "Les origines du mal", il est aujourd'hui en pannes d'imagination. Ses conseils sont une manière sans le dire, d'exercer un transfert sur Marcus, voyant en lui le fils qu'il n'aura jamais. Et si le transfert recouvrait bien d'autres choses encore!?
Écrire pour donner du sens à la vie.
Quitter New-York pour venir s'installer à Aurora, petite ville côtière de l'est, près de Boston, voilà le projet qu'Harry réalise pour tenter de retrouver l'inspiration.
Installé dans une superbe maison face à l'océan, il se promène souvent sur la plage, lorsqu'un jour de pluie, il croise le chemin de Nola, 15 ans. Ils tombent immédiatement amoureux, mais Harry a 34 ans...
Nous sommes en juin 1975 et Nola Kellergan disparaîtra en août de la même année.
30 plus tard, le squelette de Nola est retrouvé enterré...dans le jardin de la maison d'Harry Quebert, immédiatement arrêté et emprisonné. Chacun, dans la petite ville de province, se souvient de ce 30 août 1975, et rares sont ceux qui n'accablent pas aujourd'hui "le monstrueux Quebert".
Pendant ce temps, Marcus Goldman a tellement bien assimilé les leçons de son maître et ami, qu'il fut couronné de succès sur tout le territoire pour son premier roman. Menant alors grand train et se préoccupant peu de son avenir, c'est son éditeur qui lui rappelle les terme du contrat et l'échéance prochaine pour la livraison de son nouveau roman.
Si Goldman l'envoie paître, c'est surtout qu'aucun sujet ne lui traverse l'esprit...et qu'ayant eu vent de "l'affaire", il fonce à Aurora, persuadé qu'Harry ne peut avoir commis un tel crime.
Il se mut en enquêteur, cherche à comprendre, rencontre la plupart des habitants de l'époque, fait parler les uns, force la porte des autres, s'installe dans la maison de Harry qu'il rencontre en prison, et commence à se faire quelques solides inimitiés. Mais l'altruisme de Marcus est-il vraiment son seul moteur? Pourrait-il poursuivre d'autres buts? Voire.
Le puzzle reste à construire. Sommes-nous certains d'avoir toutes les bonnes pièces? Sont-elles bien compatibles entre elles? Celles qui le sont ne constituent-elles pas un leurre? Et qui aurait intérêt à en dissimuler certaines?
"La vérité sur l'affaire Harry Quebert" ne serait donc pas aussi limpide qu'il n'y parait à première vue. That is the question!
Et bonne lecture si ce n'est déjà fait.
Je comprends parfaitement le sentiment que vous ressentez!
RépondreSupprimerFinir un livre qui nous a accompagné, touché, fait voyager dans tous les sens du terme, c'est comme une séparation: on a souvent l'impression qu'on ne pourra retrouver cet engouement... Mais heureusement que c'est faux! Il vous faut juste retrouver celui qui vous séduira à nouveau. Il ne remplacera pas le précédent, il sera un nouveau voyage, une nouvelle aventure...
Cet article me donne très envie de lire ce livre dont j'ai déjà entendu parler: il ne m'en faut pas plus, je file l'acheter dans ma librairie!
Merci et bonne lecture.
RépondreSupprimerEh bien, quel enthousiasme!j'ai lu des critiques variées sur ce livre, mais il me semble qu'il a obtenu le Goncourt des lycéens, ce qui tout de même, n'est pas rien. Mon dernier enthousiasme va à 14 de echenoz: sobriété d'écriture, ironie cinglante..Bon, je vais essayer Dicker!
RépondreSupprimerLe Goncourt des lycéens mais aussi le grand prix de l'Academie Française pour ce jeune homme de 27 ans!
RépondreSupprimerQuant à 14 d'Echenoz, il résume tout ce qui s'est écrit(en tout cas ce que j'ai lu) sur le sujet.